Le doctorat ça remue, il faut juste en être conscient pour mieux le vivre et ne pas se détruire.
C’est un rite de passage avec tout ce qu’il implique comme violence symbolique : dépassement de soi, big challenge, pression, souffrance symbolique ou réelle, remise en question de soi, de ses choix de vie, de ses compétences etc.
Il s’accompagne souvent d’une marginalisation symbolique de l’entourage : être identifié comme l’intello d’la famille ou comme l’éternel étudiant par son entourage, avec des questions du type : ça te sert à quoi d’faire une thèse ? Tu n’as pas de financement ? Tu n’as pas non plus de bureau à la fac ? On te paiera tes vacations dans 6 mois (au mieux)? L’entourage et « l’extérieur du champ des SHS impose des signes dévalorisants qui sèment le doute chez les doctorants à propos de leur identité professionnelle » (Lipp, 2009, p. 137)
Ce peut être aussi de l’isolement social, dévastateur, notamment pour les doctorants Lettres, Sciences Humaines et Sociales (LSHS) qui n’ont généralement pas de lieu physique de travail à l’université (Delamont, Atkinson, & Parry, 1997).
C’est de la précarité. 9,1% de thèses sont financées en LSHS (Vourc’h, 2010, pp. 2-3). No comment.
C’est la foire aux paradoxes des statuts : être intégré sans vraiment l’être. « Les vacataires […] se retrouvent dans une place sociale prestigieuse-enseignant à l’université- sans posséder aucun attributs de ce qui le constitue : liberté, stabilité du travail et, bien entendu, rémunération convenable » (Verdrager, 2002, p. 10).
Le summum du prestige pour le doctorant est d’obtenir un contrat d’ATER. Etre ATER c’est en quelque sorte « être l’élu », le doctorant se sent pleinement intégré au sein du laboratoire. Il reçoit les mails du département, il est appelé « cher collègue », il possède son propre bureau, sa boite aux lettres, etc. Lorsque le contrat se termine brutalement, le doctorant se rend douloureusement compte que « la précarité a simplement été déplacé dans le temps » (Lipp, 2009, p. 139)…
Je vous laisse compléter la liste 🙂
Pas de commentaire pour ce dessin